Quimperlé et la Commune par Alain Pennec

Quimperlé et la Commune par Alain Pennec

A l’occasion de l’anniversaire de la Semaine Sanglante de la Commune de Paris, quelques lignes pour remarquer la rareté des recherches sur cette période qui a malgré tout  concerné des Quimperlois ; du côté des Mobiles[1], des gardes de 20 à 40 ans encore disponibles destinés à renforcer à l’automne 1870, l’armée régulière de la Loire  contre les Prussiens ; puis au printemps 1871, souvent sous la direction de nobles comme Henry de Mauduit, pour lutter contre la Commune ; ceux appelés les « Versaillais ».

Mais on trouve aussi des Quimperlois du côté de la Commune. Des recherches rapides ont permis d’en retrouver quelques-uns :

Marie-Elisabeth Borgne, née en 1847, dite « la Borgne », couturière, déportée en Nouvelle Calédonie en 1871 ; reléguée (libérée) en 1892, mariée en 1897 avec Paul Le Roy (cultivateur né à Paris) résidence à Bourail, son mari est mort en 1907 et elle-même décède rue Turbigo à Nouméa.  

Jean-Marie Nicolas né en 1835 demeurant à Paris rue Salneuve (17e arrondissement.) est serrurier, communard…Tous les deux ont des pères tanneurs.

–  Jean-Baptiste Dubreil, né lui en 1842, est serrurier, habitant à Paris rue du Boulet 12e arrondt. ; issu d’un milieu bourgeois (marchand de vins en gros) ce célibataire avait déjà été condamné en 1861 et 1863 pour vol et coups. Le 19e Conseil de guerre le condamna « le 15 mars 1872 pour faits insurrectionnels à la déportation dans une enceinte fortifiée » ; embarqué à Brest, il arriva à Nouméa le 2 novembre 1872 et fut débarqué presqu’ile Ducos. Amnistié le 8 mai 1879, il repart pour la France le 1er novembre.  En France, sa conduite est qualifiée de bonne, la police le qualifie « d’idolâtre» (sans doute athée).

–  Mais François Goalerme, 34 ans, dont on retrouve le cadavre à l’hôpital de l’ile Nou  ( le bagne près Nouméa) en 1871 ne paraît pas lié aux communards arrivés en 1872.

A travers ces 3 cas, on constate qu’il s’agit plutôt de jeunes et de milieux variés. La Commune de Paris a rassemblé des gens venus de tout le pays, attirés par les gros chantiers d’urbanisme de Napoléon IIl. Paris a attiré aussi de nombreux partisans du changement politique, militants de gauche, républicains…C’est pourquoi la répression de 1871 a décapité le mouvement ouvrier et laissé prospérer les Réactionnaires et les Modérés.

On peut aussi rappeler que les dernières estimations aboutissent à plus de 5000 morts et 45 000 personnes raflées au total par la Répression, 12 000 prisonniers seront amenés notamment dans la rade de Brest, pour y être parqués sur 12 pontons flottants (à 80 par cages) avant la déportation en Nouvelle Calédonie. Rappeler aussi que ce n’est que le 29 novembre 2016, que les victimes de la répression de la commune furent officiellement réhabilitées.         

Alain Pennec (Histoire et Patrimoine de Kemperle)

[1] Il y a eu par exemple aussi des Mobiles Bretons qui en octobre 1870 ont accepté d’aller combattre les Prussiens, dans l’Armée de Bretagne de Keratry et que Gambetta a abandonnés sans armes et sans équipement dans le camp de boue de Conlie près du Mans. Un certain Bertrand Derrien, l’un des 2 000 mobiles de l’arrondissement de Quimperlé, décédé à Conlie le 3 décembre 1870, est l’un de ceux-là.

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